Le dispositif éditorial des Frères Musulmans en France
vendredi 29/novembre/2019 - 05:58
La diffusion de la pensée des Frères Musulmans est un défi sécuritaire largement mésestimé par les gouvernements européens. Depuis trente ans, des maisons d’édition ayant pignon sur rue éditent de nombreux ouvrages de membres identifiés la confrérie totalitaire, ensuite distribuées dans les mosquées et librairies acquise à leur idéologie. Des grandes mosquées officielles comme celles de Créteil, Reims, Hérouville dans le Calvados, Bussy-Saint-Georges, distribuent cette littérature qui pousse au crime.
L’éditeur historique des Frères en France sont les éditions Tawid, fondées en 1990 par l’Union des Jeunes Musulmans, qui ont fait beaucoup pour populariser Tariq et Hani Ramadan en France. Ainsi, le combat pour l’édification d’un état islamique est prescrit par
« Le monde musulman est en ébullition. Cette force peut et doit être orientée vers un Etat islamique, un Etat appliquant le Coran et la Sunna.(...) Les musulmans ne retrouveront jamais leur bonheur perdu s’ils ne reviennent pas au jihad et ne cherchent pas à établir un Etat Islamique ».
Cet ouvrage est vendu dans la librairie de la Grande mosquée de Créteil, la plus grande du Val de Marne, dotée d’une coupole et d’un minaret fréquentée par plus de mille fidèles le vendredi. Lors de son inauguration en 2004, étaient présents le préfet, le président de la région Ile-de-France, et le département avait contribué à l’édification en cédant le terrain un euro symbolique. La mosquée s’était empressée d’éditer un mensuel titré Alkhaf, qui loue Youssef Al Qaradawi ou Sayyed Qotb, qualifié de « savant célèbre » dans son numéro de décembre 2015.
Autre éditeur Al Bouraq, du nom de la monture ailée de Muhammad lors de son ascension vers le ciel, qui possède un très large catalogue de livres classiques, mais aussi d’essais contemporains très radicaux comme le fameux Manifeste islamique d’Alija Izetbegovic (1925-2003), ou La Voie du Musulman de Abou Bakr Djaber Al Jazairi (1921-2018), tous deux très appréciés par les militants fréristes. Et pour cause, l’ex président bosniaque plaide dans son Manifeste pour la séparation des musulmans et des non musulmans, par la force s’il le faut :
"Le mouvement islamique peut, ou plutôt doit commencer par la prise du pouvoir dès lors qu’il possède une grande part de puissance morale et numérique qui lui permet, non seulement de renverser le pouvoir non islamique, mais encore d’établir le nouveau pouvoir islamique. (...)Il ne peut y avoir de paix ou de coexistence entre la foi islamique et les sociétés et les institutions politiques non- islamiques »
La Voie du Musulman est la meilleure vente dans les librairies islamistes, et est mis en avant sur les présentoirs. Al Jazairi est souvent cité comme référence par les prédicateurs fréristes en France. Le contenu de ce « guide pratique » selon AlBouraq du bon comportement du fidèle est incroyablement extrême : il est recommandé de faire le djihad au moins une fois par an, un combat bel et bien offensif, et les constructions ou simples restaurations d’églises sont interdites en terre d’islam.
Aussi, la maison Al Bouraq édite un livre de Hani Ramadan, Le croyant face aux épreuves, le secret de la vie.
Maintenant penchons-nous sur l’éditeur Maison d’Ennour basé à Paris depuis 1984. Cette maison édite Moncef Zenati, cadre de l’UOIF, formé à l’IESH, qui est le traducteur de Youssef Al Qaradawi et de Hassan Al Banna. Cette maison édite aussi La Voie du Musulman de Jazairi et Ceci est notre religion du Frère Musulman Mohammad Ghazali connu pour avoir demandé l’assassinat de Farag Foda en Egypte en 1992. Sa librairie en ligne vend un traité de droit du docteur d’Al Azhar Taha Jabir AI Alwani qui fut un dirigeant de l’Institut international de la pensée islamique des Frères
Hani Ramadan dans l’ouvrage Sermons
du vendredi rappels et exhortations (éditions Tawid, 2011, page 465.)
Musulmans. Plusieurs livres de Al Qaradawi sont également édités par Maison d’Ennour, vendus
dans les mosquées fréristes en France. Parmi eux, l’ouvrage La science des priorités du leader
« La formation du croyant vise l’édification d’une génération de vrais croyants, habilités à porter le flambeau de la réforme et de la rénovation, est préalable à toute
action d’exhortation au combat sur la voie de Dieu; lequel combat fait du recours aux armes le moyen de procéder au changement de la société et à l’instauration de l’état. »
Autre maison d’édition historique située à Paris, Al Qalam, connue pour avoir édité Le licite et l’illicite en islam de Qaradawi en 1992, un temps interdit de vente sous le ministère de Charles Pasqua. Amazon se refuse à le commercialiser tant son contenu pousse au meurtre, notamment des homosexuels, mais il est à nouveau vendu dans les librairies et mosquées de la confrérie en 2019 comme nous l’avons constaté. Al Qalam édite aussi L’ethique du musulman de Mohammad Ghazali dans lequel on peut lire page 315: « Le jihâd, en matière de recommandation du bien et du mal et le jihâd avec les différents moyens pour faire triompher la Parole de Dieu relèvent de l’éthique que j’ai analysée en parlant de la politique de l’Islam intérieure et extérieure ».
Une nouvelle maison d’édition Nawa, vient d’éditer en 2019 un ouvrage apologétique de Sayyed Qotb, Lire et comprendre Qotb de
frériste, dans lequel on lit page 222 :
Aïssam Aït-Yahya, un jeune diplômé de sciences politique tenant
d’une ligne dure : contre la démocratie, contre la séparation des pouvoirs politiques et religieux.
Dans ce livre de réhabilitation du penseur terroriste, il commente des extraits de plusieurs textes de
Qotb, notamment sur le voyage de ce denriers aux Etats-Unis et son texte Ceci est l’islam. Aït-Yahya
récuse le « prétendu extrémisme » de Qotb, écrit que « l’ensemble de l’idéologie de Qotb était
cohérent avec une tradition islamique » a été montrée par les « rares spécialistes » qui défendent
Qotb. Il tente une justification du théoricien des Frères en disant que « l’action violente n’est très
souvent qu’un dernier recours, l’ultime choix, un mal nécessaire » (page 21). L’auteur, qui multiplie
les conférences dans les mosquées, conteste la loi interdisant le niqab, et voit donc la laïcité comme
un frein à l’expansion de l’islamisme : « Il faut définitivement abandonner l’idée que la laïcité est un
bienfait ou une protection, elle est devenue l’expression radicale de la lutte anti-musulmane dans ce
pays. » écrit-il sur son blog des éditions Nawa.
Son ouvrage sur Qotb est vendu dans la nouvelle mosquée de Bussy-Saint-Georges la plus grande de
Seine-et-Marne.
Côté périodiques on note l’apparition de la revue Sarrazins créée en 2019, qui relaie les écrits de Saïd Ramadan, notamment un extrait de son livre La Sharî’a : le Droit islamique, son envergure et son équité. L’extrait porte sur l’impôt spécial touchant Juifs et Chrétiens en terre d’islam, la jizya. Cet impôt discriminatoire est présenté comme naturel par le fils de Hassan Al Banna.
Ainsi, le laxisme des autorités françaises malgré le discours volontariste tenus par Christophe Castaner le 28 novembre devant les préfets, laisse se diffuser impunément le carburant idéologique des terroristes.